Départ forcé

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Il y a un sentiment de malaise lorsqu’un coureur quitte une course. Les gestes du quotidien, la valise que l’on ferme, la porte de chambre qui claque sont, d’un coup, définitifs.
Tout ce qui fait l’inconfort du Tour, cette vie de bohème trimbalé d’un hôtel à l’autre, ces repas au bout de la soirée, les jambes dures à force d’additionner les kilomètres, ces plaies que l’on panse chaque soir en se disant que ça ira mieux, cette vie guidée par la ligne noire tracée sur une nouvelle carte du livre de route deviennent alors un luxe évaporé.
Chaque départ forcé est un crève-coeur. La course continue mais des routes, tellement liées pendant des mois, se séparent avec une brutalité féroce. Le silence est alors le meilleur des discours. Que dire d’autre sans sombrer dans la plus terrible banalité, entre regrets éternels et sourires masqués?
Remontent alors à la surface ces moments de résilience partagés dans la montagne, lorsque chaque instant est totalement tourné vers la recherche absolue de la performance.
Là où l’on comprend tout. Là où l’on saisit combien ces mecs-là sont taillés dans un métal rare.